L’excessif se nourrit d’une énergie débordante qui semblait d’abord stimulante ; pourtant, très vite, sa surenchère permanente en émotions, en idées et en exigences sature son entourage. Il dramatise la moindre contrariété, transforme chaque projet en défi XXL et se laisse emporter par des élans d’enthousiasme aussi intenses qu’éphémères. Quand l’attention collective se détourne, il redouble de volume : propos hyperboliques, gestes amples, comparaisons alarmistes destinées à regagner le projecteur. Sous cette théâtralité brûle la peur d’être banal : l’excessif pense qu’il doit impressionner pour prouver sa valeur, sinon il sera relégué au rang des figurants. Plus il force le trait, plus il s’expose au jugement, et plus il s’agite pour masquer son insécurité. Ce mécanisme circulaire — monter toujours plus haut pour éviter la chute — finit par fatiguer l’équipe, qui oscille entre fascination et exaspération. Comprendre que sa démesure protège un besoin de reconnaissance permet d’intervenir sans alimenter l’escalade.
Dans la vie quotidienne, l’excessif révèle sa nature par une succession de signaux clairs : il parle vite et fort, coupe la parole pour ajouter un détail « crucial », ponctue ses phrases d’hyperboles (« absolument génial », « catastrophique », « exceptionnel ») et amplifie la moindre statistique pour marquer les esprits. Quand un obstacle surgit, il passe instantanément de l’euphorie au drame annoncé, prédisant ruine ou gloire avec la même conviction flamboyante. Ses e-mails sont surchargés de points d’exclamation, de majuscules et de demandes urgentes qu’il juge vitales. Face au changement, il revendique l’idée la plus audacieuse, puis abandonne si l’écho n’est pas immédiat, accusant l’organisation de « freiner l’innovation ». Lorsqu’il se sent ignoré, il cherche à faire vibrer l’alarme émotionnelle : plaintes spectaculaires sur la lenteur ambiante, ironie mordante à propos de la « bureaucratie », soupirs exagérés. Ces attitudes, répétées et intenses, finissent par polariser les réunions et provoquer un essoufflement général.
Derrière la flamboyance de l’excessif se cachent quatre moteurs essentiels. Il recherche d’abord une reconnaissance visible : compliments publics, projets à haute visibilité, marques d’estime immédiates qui valident son sentiment d’unicité. Ensuite vient la stimulation constante : des missions variées, courtes, avec des défis réguliers, qui préviennent l’ennui qu’il redoute plus que l’échec. Il a aussi besoin d’un cadre clair, mais souple : des règles nettes le rassurent, tandis que des marges de créativité canalisent son énergie sans la brider. Enfin, il aspire à une sécurité relationnelle : savoir qu’il pourra faire des erreurs sans être ridiculisé diminue la tentation de masquer ses doutes derrière le spectacle. Si ces besoins restent insatisfaits, l’excessif intensifie ses démonstrations : plus de volume, plus de superlatifs, plus de chocs émotionnels pour obtenir l’attention, au risque d’épuiser ses ressources et celles de l’équipe. Comprendre ces ressorts permet d’orienter son dynamisme vers des résultats concrets plutôt que vers un tourbillon stérile.
Voici 5 conseils pour la gérer au mieux :
- Encadrer la prise de parole : fixez un temps de contribution et un objectif précis ; ce cadre temporel limite les digressions spectaculaires.
- Transformer l’excitation en plan d’action : demandez systématiquement « quelles étapes, quels délais, quel budget ? » pour convertir les déclarations flamboyantes en livrables mesurables.
- Valoriser les progrès concrets, pas la mise en scène : félicitez un jalon atteint, un risque anticipé, un client satisfait ; ignorer les effets de manche réduit le besoin d’esbroufe.
- Fractionner les projets : proposez des tâches courtes avec bilans intermédiaires ; la séquence de mini-succès entretient sa motivation sans laisser place à la dispersion.
- Modéliser la régulation émotionnelle : répondez avec un ton posé, reformulez les superlatifs en données factuelles et ramenez le débat sur l’objectif commun ; vous démontrez qu’on peut être passionné sans être excessif.
En s’appuyant sur la méthode PACTE, l’excessif apprend à canaliser son intensité. Les étapes de perception et d’analyse l’aident à distinguer enthousiasme constructif et surenchère théâtrale ; la communication lui offre des techniques de feed-back et d’écoute qui transforment le monologue en échange équilibré ; la transformation structure son énergie dans des jalons réalistes, tandis que l’évaluation consolide ces nouveaux repères. Peu à peu, il devient un accélérateur inspirant, capable d’insuffler dynamisme et créativité sans basculer dans la démesure, et l’équipe bénéficie alors de son élan sans subir la fatigue du roller-coaster émotionnel.