Le présomptueux avance dans l’organisation comme s’il détenait naturellement la réponse idéale à chaque question. Son discours péremptoire, truffé de références à ses triomphes passés, à l’étendue de son réseau et aux trophées qu’il aligne, consolide l’aura d’infaillibilité qu’il cultive avec application. Admettre une erreur reviendrait, pense-t-il, à déclencher l’effondrement de son capital prestige ; la moindre faille menace la citadelle identitaire qu’il bâtit depuis des années. Avant même le lancement d’un projet, il se projette en figure de proue, annonçant les gains futurs comme s’ils étaient déjà acquis grâce à son génie. À ses yeux, exister revient à occuper l’espace sonore et visuel, quitte à reléguer les autres au rang de figurants dans son récit grandiose. Cette posture flamboyante vise en réalité à prévenir la peur viscérale d’être jugé ordinaire ou remplacé. Plus l’enjeu monte, plus il élève le volume : effets d’annonce, promesses spectaculaires, comparaisons flatteuses. Comprendre que ce besoin de briller est d’abord un mécanisme d’autoprotection permet de désamorcer la tension qu’il génère autour de lui.
Au quotidien, le présomptueux déploie une collection de signaux d’autopromotion difficile à manquer. Il ouvre les réunions en citant ses références, utilise des superlatifs pour qualifier ses initiatives et conclut par des formules destinées à sceller son ascendant, telles que « vous verrez, c’est infaillible ». Quand un collègue présente une idée, il acquiesce distraitement puis recentre immédiatement le débat sur ses propres exploits, illustrant son besoin de rester l’épicentre narratif. Il coupe la parole pour corriger un détail, brandit un jargon technique ou évoque des contacts influents censés valider son angle. S’il perçoit une menace à son prestige, il bascule dans le mépris feutré : soupir audible, sourire en coin, question insidieuse révélant l’imperfection de l’autre. Lorsqu’on l’invite à reconnaître une erreur, il détourne la conversation vers un succès plus ancien, convaincu qu’un aveu le pousserait au rang des mortels. Cette cadence incessante de comparaison ascendante et de micro-démonstrations conforte son trône symbolique mais use la patience de ses interlocuteurs.
Sous la carapace d’assurance se cache une mécanique interne exigeante. Le présomptueux recherche d’abord une validation statutaire stable : il veut sentir que l’organisation reconnaît officiellement son expertise, sans qu’il ait à la proclamer continuellement. Vient ensuite un besoin d’auditoire captif : être écouté sans interruption atteste, à ses yeux, de sa valeur intrinsèque. Il a aussi soif d’opportunités de démonstration, projets visibles où il pourra briller et nourrir le récit de sa réussite. Il éprouve également une faim constante de repères hiérarchiques clairs ; savoir exactement où il se situe dans l’ordre interne l’aide à calibrer l’intensité de son spectacle. Paradoxalement, il requiert une sécurité face à l’échec : la certitude qu’une tentative ratée ne provoquera pas sa destitution symbolique lui permet de baisser la garde. Enfin, il aspire à un feedback nuancé : des retours précis et factuels, dépourvus d’attaques personnelles, pour éviter d’activer son réflexe défensif. Lorsque ces besoins demeurent frustrés, la surenchère verbale et l’exhibitionnisme professionnel deviennent un bouclier indispensable contre la terreur de l’anonymat.
Voici 5 conseils pour la gérer au mieux :
- Encadrer fermement le temps de parole : annoncez une durée et tenez-la ; le prescripteur d’auto-louanges comprend vite que le micro n’est pas illimité.
- Exiger une preuve pour chaque affirmation : demandez chiffres, sources ou exemples concrets ; la logique factuelle tempère l’enflure rhétorique.
- Transformer la mise en avant en responsabilité : confiez-lui un livrable visible et daté ; le prestige devient alors synonyme de résultat, pas de posture.
- Reconnaître publiquement les succès réels : validez ce qui est effectivement accompli, sans flatterie excessive ; la reconnaissance objective réduit son besoin de se sur-valoriser.
- Modeler une posture d’écoute active : reformulez ses propos, puis invitez un autre collègue à réagir ; ce va-et-vient l’habitue à partager la scène sans perdre la face.
Accompagné par la méthode PACTE, le présomptueux apprend à convertir son étalage d’ego en leadership éclairant. Les phases de perception et d’analyse l’aident à distinguer confiance légitime et vanité défensive ; la communication propose un cadre où il peut valoriser ses compétences sans écraser les autres ; la transformation lui offre des rituels pour reconnaître les apports collectifs ; enfin, l’évaluation installe une boucle de feedback où la mesure du succès remplace la déclaration d’excellence. Petit à petit, il conserve son ambition et sa vision mais gagne en humilité méthodique : il devient un porte-voix capable de célébrer les réussites de l’équipe, d’admettre les zones de progrès et de mobiliser le groupe autour d’objectifs exigeants mais partagés.