Fixer des objectifs, tout le monde le fait.
Fixer de bons objectifs, là, c’est déjà plus rare. Et c’est précisément ce qui distingue un manager qui “fait tourner la boutique” d’un manager vraiment performant, capable de donner du sens, de la visibilité et de la motivation à son équipe.
La méthode des objectifs SMART est un classique du management… à condition de l’utiliser vraiment, et pas seulement de la citer en réunion. Voyons comment en faire un véritable levier de pilotage, et pas un simple acronyme à la mode.
1. Qu’est-ce qu’un objectif SMART ?
Un objectif SMART est un objectif :
- Spécifique
- Mesurable
- Atteignable
- Réaliste (ou pertinent)
- Temporellement défini
Autrement dit : un objectif SMART est clair, opérationnel, motivant, cohérent avec la stratégie et encadré dans le temps. Il devient alors une boussole pour le collaborateur comme pour le manager, et un outil concret de dialogue sur la performance.
À l’inverse, un objectif flou du type « améliorer la satisfaction client » ou « développer les ventes » ne permet ni de savoir où l’on va, ni de vérifier si l’on y est arrivé.
2. les 5 critères smart, en langage de terrain
S comme spécifique
Un objectif spécifique répond à une question simple : “qu’est-ce que je veux accomplir, exactement ?”
On ne dit pas :
« Améliorer la satisfaction client. »
On précise :
« Augmenter de 10 % le taux de satisfaction client sur la gamme X d’ici la fin du trimestre. »
L’équipe sait sur quoi concentrer ses efforts, et vous savez ce que vous suivez.
M comme mesurable
Sans mesure, pas de progression. Un objectif mesurable intègre un indicateur clair : pourcentage, volume, délai, taux, score qualité…
Par exemple :
- Vague : « Développer les ventes du produit A. »
- SMART : « Augmenter de 15 % le chiffre d’affaires du produit A sur le marché français en six mois. »
Cela permet ensuite de dire objectivement : “atteint / partiellement atteint / non atteint”, et surtout de comprendre pourquoi.
A comme atteignable
Un objectif atteignable est ambitieux mais réaliste. S’il est trop facile, il ne stimule personne. S’il est délirant, il décourage et abîme la confiance.
Exemple caricatural (mais vu dans la vraie vie…) :
« Doubler le chiffre d’affaires en un mois, sans budget marketing supplémentaire ni recrutement. »
L’idée n’est pas de “rêver”, mais de progresser. D’où la nécessité de vérifier les ressources disponibles : compétences, temps, moyens, soutien de la direction…
R comme réaliste (pertinent)
Ici, la question est : “cet objectif est-il utile et cohérent avec la stratégie de l’entreprise ?”
Un objectif peut être techniquement atteignable, mais complètement déconnecté des enjeux du moment. Par exemple :
- Peu pertinent : réduire les coûts d’un produit voué à disparaître dans trois mois.
- Pertinent : diminuer les réclamations sur une gamme stratégique, alignée avec le positionnement “haute qualité” de l’entreprise.
Un manager performant relie toujours les objectifs de son équipe à la mission et à la vision de la structure.
T comme temporellement défini
Sans délai, un objectif devient un vœu pieux.
Il faut une date ou une période claire :
« D’ici le 30 juin »,
« Sur les trois prochains mois »,
« Avant la fin de l’année ».
Cette borne dans le temps crée un sentiment d’urgence raisonnable, structure le suivi et évite le fameux “on s’en occupera plus tard”.
3. Comment construire un objectif smart pas à pas ?
Dans le Kit du manager performant, la construction d’un objectif SMART commence toujours par le contexte et le “pourquoi”.
Etape 1 – analyser le contexte
- Quels enjeux (marché, concurrence, transformation interne) ?
- Quels irritants ou opportunités concrètes ?
- Qu’attend la direction à moyen terme ?
Sans cette analyse, vous risquez de définir un objectif “bien ficelé” mais hors-sujet.
Etape 2 – identifier vos leviers d’action
Sur quoi pouvez-vous vraiment agir ? Processus, organisation, compétences, outils, relation client…
Cette étape évite de promettre ce qui dépend d’un autre service, d’un siège lointain ou d’une décision budgétaire qui n’arrivera jamais.
Etape 3 – formuler un objectif initial
Écrivez d’abord une phrase simple, même vague, qui décrit le résultat souhaité :
« Améliorer la visibilité de la marque en ligne. »
« Réduire le temps de réponse du support. »
C’est la “brouillon” de l’objectif, que vous allez ensuite affiner.
Etape 4 – passer l’objectif au filtre smart
Pour chacun des 5 critères, posez-vous des questions concrètes :
- Spécifique : quel aspect précis ? quel produit ? quel segment client ?
- Mesurable : quel indicateur ? quel pourcentage ? quel volume ?
- Atteignable : avons-nous les ressources, le temps, les compétences ?
- Réaliste : est-ce cohérent avec la stratégie, le budget, la maturité de l’équipe ?
- Temporel : quelle date précise ou quelle période ?
Vous reformulez ensuite l’objectif final, en intégrant tous les éléments.
Etape 5 – vérifier l’alignement stratégique
Un bon objectif SMART n’est jamais isolé. Il est relié :
- à la vision long terme (5–10 ans)
- aux objectifs stratégiques à 1–3 ans
- puis décliné au niveau de l’équipe ou du service
En clair : l’objectif du collaborateur doit servir l’objectif du manager, qui sert lui-même l’objectif de la direction.
4. Quelques exemples d’objectifs SMART pour un manager de proximité
Pour visualiser la différence, voici quelques transformations typiques (adaptées du Kit du manager performant).
- Commerce
- Avant : « Vendre plus en Italie. »
- SMART : « Augmenter de 10 % le volume des ventes du produit X sur le marché italien d’ici le 30 juin, en formant deux commerciaux supplémentaires à la prospection internationale et en renforçant les campagnes ciblées. »
- RH / Qualité de vie au travail
- Avant : « Améliorer le bien-être au travail. »
- SMART : « Réduire de 20 % le turnover dans le service support sur 12 mois, en mettant en place un programme de mentorat interne et des horaires plus flexibles. »
- Production
- Avant : « Réduire les coûts de fabrication. »
- SMART : « Diminuer de 5 % les coûts unitaires de production de la gamme E d’ici la fin du prochain trimestre, en optimisant la chaîne d’approvisionnement et en automatisant une étape de l’assemblage. »
Ces formulations donnent immédiatement : un cap, un indicateur, un délai et des leviers d’action visibles.
5. Erreurs à éviter et bonnes pratiques
Même avec SMART en tête, certains pièges reviennent souvent :
- être trop ambitieux ou trop timide : le “moonshot” impossible décourage, l’objectif trop facile ennuie. Cherchez le juste milieu.
- manquer de clarté : si un tiers ne comprend pas votre objectif en le lisant, reformulez.
- oublier les ressources : sans moyens adaptés, un objectif reste théorique.
- négliger le suivi : définir l’objectif n’est que le début. Il faut ensuite des points d’avancement, des KPI, un tableau de bord simple.
- mal communiquer : un objectif, même parfait sur le papier, ne sert à rien s’il n’est pas compris et partagé par l’équipe.
À l’inverse, un manager performant :
- présente ses objectifs, explique le “pourquoi”
- vérifie la compréhension de chacun
- recueille les retours pour ajuster si nécessaire
6. SMART : bien plus qu’un acronyme, une culture de clarté
Les objectifs SMART ne sont pas un gadget théorique. Bien maîtrisés, ils installent dans l’équipe une culture de clarté, de responsabilité et de progrès continu.
- Le collaborateur sait précisément ce qu’on attend de lui.
- Le manager dispose d’un outil concret pour piloter, recadrer et valoriser.
- L’entreprise voit mieux comment chaque effort individuel contribue au projet global.
Dans une “boîte à outils du manager”, les objectifs SMART sont le mètre ruban et le niveau à bulle : sans eux, tout le reste est bancal.
Pour vos prochains entretiens annuels, réunions d’équipe ou lancements de projet, partez de cette question simple :
“Mon objectif est-il vraiment SMART… ou seulement sympathique ?”
C’est souvent là que commence le vrai management performant.
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