Le BLOG

le compagnon idéal pour les managers qui veulent progresser sans perdre le sens du réel

Ce blog vous accompagne au quotidien : on y suit les aventures de Vincent Mathieu, on y explore les personnalités difficiles, on y découvre des outils concrets et on y questionne la posture du leader. l’objectif : vous offrir des repères solides, modernes et immédiatement actionnables, en respectant l’expérience, le bon sens de terrain et la réalité de vos responsabilités.

Le beau frère, le passif agressif qui blague toujours

Vous avez passé l’après-midi à courir.
Le rôti. La bûche. Les serviettes en papier avec des sapins kitsch. Les bougies qui coulent trop vite, comme si elles étaient pressées d’aller se plaindre ailleurs.

La table est prête. Le sapin clignote un peu de travers. Dans la cuisine, votre mère souffle et remue en même temps, ce qui relève d’un art martial très français : « Ne vous inquiétez pas, je gère », avec l’air de quelqu’un qui ne gère plus du tout.

Vous vous dites que ça va aller.
Vous vous le dites comme on ferme une porte doucement : pour ne pas réveiller la catastrophe.

Et puis il arrive.
Le beau-frère.

Il entre avec ce faux air détendu, les mains à moitié occupées, le sourire déjà installé, la phrase déjà en avance. Il embrasse, il regarde, il jauge la table avec l’œil du contrôleur technique.

Il s’arrête sur la vaisselle « des grands jours ». Et là, naturellement, comme si c’était un hommage, il lâche :
« Ah ouais… tu as sorti la vaisselle de mariage. Dis donc. On espère que le repas sera à la hauteur maintenant. »

Il sourit. Il ajoute aussitôt, léger :
« Je plaisante, hein. »

Il plaisante toujours.
C’est même sa spécialité.

Le problème, c’est que chez lui, l’humour a souvent la délicatesse d’une punaise sous le pied : ce n’est pas énorme, ce n’est pas “grave”, mais ça suffit à vous faire marcher de travers toute la soirée.

Vous souriez. Poliment.
Parce que Noël, c’est le théâtre des traditions : on sourit, on sert, on dit « Ça va », et on range le vrai dans un tiroir.

Il s’assoit. Il se ressert. Il observe l’assemblée. Puis il recommence, sur un ton de camaraderie :
« Non mais ça va, on ne peut plus rien dire maintenant. »

Et là, vous la sentez, la mécanique.
Il envoie des petites balles lestées, emballées dans du « second degré ». Si vous ne répondez pas, il a gagné : ça reste dans l’air, ça s’accroche, ça vous fait passer pour susceptible. Si vous répondez trop fort, il a gagné aussi : « Oh là, j’ai juste blagué. »

Le passif-agressif est un virtuose de la sortie de secours. Il allume une allumette, puis il vous propose une serviette pour éteindre l’incendie. Et si ça brûle, ce n’est jamais lui.

Au début, ce sont des micro-remarques.
« Sympa le plan de table. Original. »
« Ah, tu as fait ça toi-même ? Quel courage. »
« Oui oui, très bien… comme d’habitude. »

À chaque phrase, il ne vous attaque pas frontalement. Il vous effleure. Il vous contourne. Et c’est précisément ça qui vous fatigue : vous ne pouvez pas “attraper” la remarque. Elle glisse.

Vous sentez votre mâchoire se contracter. Vous sentez monter ce petit sentiment très particulier : l’injustice silencieuse. Vous avez fait, prévu, organisé. Et vous recevez, en échange, des épingles déguisées en confettis.

Vous pourriez le recadrer sèchement. Vous pourriez faire une mise au point à la française, version nappe qui vibre.
Mais vous connaissez la suite : l’ambiance tombe, la famille juge, quelqu’un dit « Oh, ce n’est pas le moment. »

Alors vous choisissez autre chose.
Pas l’attaque. Pas la fuite. Un cadre.

Vous le regardez simplement. Vous gardez un ton calme. Vous dites :
« Je ne suis pas sûr de comprendre. Tu me fais une remarque ou tu fais une blague ? »

Il cligne des yeux. Il sourit encore, un peu moins assuré.
« Mais non, je plaisantais… »

Vous hochez la tête. Vous ne le contredisez pas. Vous lui tendez une porte de sortie élégante :
« D’accord. Alors gardons des blagues qui font rire tout le monde. »

Vous servez la soupe.
Vous ne dramatisez pas. Vous ne punissez pas. Vous cadrez.

Et, chose étrange, la table respire un peu mieux.
Parce que vous venez de faire ce que beaucoup n’osent pas faire à Noël : vous avez mis de la clarté là où il y avait du flou.

Le beau-frère tente encore une ou deux piques dans la soirée. Mais elles tombent plus court. Elles trouvent moins d’air pour gonfler. Et parfois, miracle, il se met même à parler normalement.

Comme si, au fond, il attendait surtout qu’on lui dise où sont les limites.
Sans le frapper. Sans l’humilier. Juste… en adulte.


Aparté : l’approche PACTE

Dans la méthode PACTE, le passif-agressif correspond à un profil D– (trahison, passif).
Son moteur n’est pas d’être “méchant”. Son moteur, c’est une méfiance de fond : il redoute d’être mis de côté, qu’on décide sans lui, qu’on ne lui dise pas tout, ou qu’on lui fasse porter le chapeau.

Il exprime donc son désaccord de manière indirecte.
Il évite l’affrontement, mais il veut que ça se sache.

L’objectif, avec lui, n’est pas de le “coincer”.
L’objectif, c’est de transformer l’implicite en explicite, sans créer une guerre de territoire.

Percevoir.
Repérez les signaux classiques : ironie, sous-entendus, compliments à double fond, « Je plaisante », silence appuyé, remarques dites “pour rire”, oublis pratiques, petites résistances.

Analyser.
Faites l’hypothèse la plus utile : il se protège, il teste, il veut savoir si le cadre est solide et s’il compte vraiment.

Posez-vous la question : qu’est-ce qui, chez lui, peut être menacé ici ? Sa place ? Son influence ? Sa reconnaissance ? Sa sécurité ?

Communiquer.
Votre style gagnant : calme, clair, non agressif. Vous mettez de la lumière, pas des coups de projecteur.

Phrases possibles, plus « Noël-compatible » :

  • « Je veux être sûr de bien comprendre. Tu peux me le dire plus directement ? »
  • « Si quelque chose te gêne, je préfère qu’on en parle simplement. Qu’est-ce qui te dérange exactement ? »
  • « Je note. Tu me proposes quoi, concrètement, pour que ce soit mieux ? »
  • « Je t’entends. On en reparle tranquillement après, tous les deux, si tu veux. »
  • « J’aimerais que l’ambiance reste agréable. On peut le formuler autrement ? »
  • « Je suis preneur de ton avis si tu me le dis clairement. »

Ce que vous évitez : les phrases qui collent une étiquette (« Tu es passif-agressif ») ou qui mettent au défi (« Tu n’as qu’à le dire en face »). À Noël, le défi devient vite un duel.

Transformer.
Proposez un micro-changement concret : un échange en aparté, une clarification, un accord simple.

  • « D’accord. Faisons comme ça pour ce soir. Et si tu veux, on ajuste ensemble pour la prochaine fois. »
  • « Si tu as une remarque importante, dis-le moi directement. Je te répondrai. »

Évaluer.
Après coup, en privé, sécurisez le lien et clarifiez le fonctionnement.

  • « J’ai senti un moment de tension. Qu’est-ce qui t’aurait aidé à te sentir plus à l’aise ? »
  • « La prochaine fois, tu préfères qu’on se dise les choses comment pour éviter les malentendus ? »

Vous verrez : quand il se sent considéré et quand le cadre est clair, le passif-agressif a souvent moins besoin de piquer.
Il peut même devenir utile, parce qu’il repère bien les incohérences. Il faut juste que ça sorte proprement.


Retour à table : le vrai cadeau, c’est la clarté (et le ton calme)

La fin du repas arrive. La bûche apparaît. Les bougies continuent leur carrière de fontaines. Votre mère s’assoit enfin cinq minutes, comme une reine épuisée qui refuse qu’on la remercie.

Et le beau-frère, lui, fait une dernière remarque. Une petite. Presque par réflexe.

Vous le regardez, sans dureté. Vous gardez ce calme qui, mine de rien, tient la maison debout. Vous dites :
« Je t’ai entendu. Si tu veux qu’on en parle sérieusement, on le fait. Sinon, on profite. »

Il hésite. Puis il hausse les épaules.
« Non non… ça va. »

Et, pour une fois, ça va.

Vous comprenez alors quelque chose de simple : ce n’est pas la personnalité difficile qui ruine Noël. C’est l’absence de cadre. C’est le flou. C’est le non-dit qui gouverne.

La méthode PACTE vous donne une boussole. Pas pour dominer les autres. Pour rester digne, clair, et solide. Pour protéger l’ambiance sans vous écraser. Pour passer de la pique à la parole, du sous-entendu à la clarté, du malaise à un minimum de respect.

Au fond, vous ne cherchez pas un Noël parfait.
Vous cherchez un Noël vivable. Chaleureux. Un Noël où les traditions restent des traditions, pas des excuses pour se blesser “en rigolant”.

Et si, en plus, vous finissez la soirée sans serrer les dents…
C’est peut-être ça, le vrai miracle de Noël.


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La formation Savoir manager les personnalités difficiles au quotidien

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Cette formation de 2 jours vous donne une grille de lecture claire et des outils concrets pour comprendre, recadrer et accompagner ces profils sans vous épuiser.

L’objectif n’est donc pas d’étiqueter les gens, mais de retrouver du levier managérial là où vous aviez surtout du ras-le-bol.


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