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le compagnon idéal pour les managers qui veulent progresser sans perdre le sens du réel

Ce blog vous accompagne au quotidien : on y suit les aventures de Vincent Mathieu, on y explore les personnalités difficiles, on y découvre des outils concrets et on y questionne la posture du leader. l’objectif : vous offrir des repères solides, modernes et immédiatement actionnables, en respectant l’expérience, le bon sens de terrain et la réalité de vos responsabilités.

Comment réagir quand un collègue vous accuse en public (même sans répartie)

On a tous ce cauchemar en tête : une réunion d’équipe, tout le monde est là, la direction aussi… et soudain, un collègue vous tombe dessus devant tout le monde.
C’est exactement ce qui arrive à Séverine, coiffeuse depuis deux ans dans un institut de beauté qui vient d’être racheté.

En pleine réunion d’équipe, Annabelle, collègue très expérimentée, l’interpelle :

« Tu as raté le brushing d’une de MES clientes pendant mes congés. Franchement, tu devrais retourner prendre des cours. »

Tir tendu, en plein cœur, devant la nouvelle directrice.
Séverine, réservée, se fige, rougit… et ne dit rien.
Plus tard, elle se refait la scène en boucle : « J’aurais dû répondre quelque chose… ».

Alors, comment réagir quand un collègue vous accuse en public, surtout quand on a l’impression de ne pas avoir de répartie ?


La situation : une attaque publique, pas un simple feedback

À la base, il existe un sujet professionnel légitime : Annabelle pense que le brushing réalisé par Séverine n’était pas à la hauteur. Sur le principe, une remarque de qualité peut tout à fait se justifier.

Mais ici, le problème n’est pas le fond, c’est la forme :

  • Annabelle attaque en pleine réunion, devant toute l’équipe ;
  • elle met en scène la cliente comme « sa » cliente, donc « son territoire » ;
  • elle ajoute une phrase humiliante : « Tu devrais retourner prendre des cours. ».

On n’est plus dans un retour d’expérience professionnel.
On est dans l’attaque publique et la prise de pouvoir.


Ce qui se joue chez Séverine : sidération, honte et sentiment d’impuissance

Séverine coche toutes les cases de la personne qui se fige :

  • elle est encore jeune dans le métier (quatre ans d’expérience) ;
  • elle est nouvelle dans ce salon et face à une nouvelle directrice ;
  • elle a un tempérament réservé ;
  • elle se retrouve exposée devant tout le monde sans s’y attendre.

Son système nerveux bascule en mode sidération :

  • le cœur s’emballe ;
  • le visage chauffe ;
  • les pensées se bloquent ;
  • aucun mot ne sort.

Et comme elle se perçoit déjà comme quelqu’un qui « n’a pas de répartie », elle ajoute de la culpabilité à la blessure :
« En plus, je n’ai même pas su me défendre. ».

Ce n’est pas un manque de caractère.
C’est une réaction humaine normale face à une agression surprise.


Ce qui se joue chez Annabelle : besoin de prouver sa place

Annabelle, de son côté, n’attaque pas par hasard :

  • elle est ancienne dans le salon ;
  • elle est très expérimentée et probablement appréciée des clientes ;
  • elle voit arriver une nouvelle direction qui ne la connaît pas encore.

La réunion d’équipe devient une scène idéale pour envoyer un message implicite :

« Ici, la référence technique, c’est moi.
C’est moi qui vois les erreurs, c’est moi qui protège la qualité. »

Elle choisit :

  • un exemple où elle se sent en position de force (sa cliente habituelle) ;
  • la « petite nouvelle » comme cible ;
  • un ton agressif et une phrase qui rabaisse (« retourner prendre des cours »).

Derrière cette agressivité, on sent une insécurité : peur de perdre sa place, son statut, sa reconnaissance.
Cela n’excuse rien, mais cela aide à comprendre que cette scène parle aussi… d’Annabelle.


Comment Séverine aurait pu réagir à chaud : protéger sa dignité avec une phrase simple

Quand un collègue vous accuse en public et que vous manquez de répartie, l’objectif n’est pas de briller.
L’objectif, c’est de protéger votre dignité avec une phrase courte, posée, qui recadre la situation.

Voici trois réponses possibles pour Séverine, à chaud.

1. Recadrer la forme, pas le fond

« Annabelle, je ne suis pas à l’aise avec la façon dont tu m’en parles devant tout le monde.
Si tu as un problème avec mon travail, on peut en discuter après la réunion. »

Elle ne nie pas le sujet, mais elle rappelle un cadre professionnel : on ne règle pas ses comptes techniques en public sur ce ton-là.

2. Poser une limite sur le ton

« Je veux bien parler de cette cliente,
mais je n’accepte pas qu’on me parle sur ce ton. »

Séverine ne se justifie pas, ne s’explique pas.
Elle pose simplement une frontière : le respect.

3. S’appuyer sur la présence de la directrice

« Je préfère que ce type de sujet soit traité en tête-à-tête.
On pourra en reparler après si vous le souhaitez. »

Elle montre qu’elle ne fuit pas le sujet, mais qu’elle demande un cadre plus professionnel.

Même si, dans la réalité, elle n’arrive à sortir qu’une seule de ces phrases, calmement, c’est déjà énorme.
Et si rien ne sort à chaud, ce n’est pas perdu : la réparation peut se faire à froid.


Réagir à froid avec Annabelle : utiliser la communication OSBD

À froid, Séverine peut revenir vers Annabelle en utilisant une communication de type OSBD :
Observation – Sentiment – Besoin – Demande.

Concrètement, cela peut donner :

Observation : « Annabelle, je veux revenir sur ce qui s’est passé en réunion. Quand tu as dit devant tout le monde que j’avais raté le brushing de ta cliente et que je devrais retourner prendre des cours… »
Sentiment : « … je me suis sentie humiliée et mise en difficulté devant la directrice. »
Besoin : « J’ai besoin que l’on parle de mon travail avec respect, et de préférence en direct entre nous. »
Demande : « À l’avenir, si quelque chose te pose problème dans ce que je fais, est-ce que tu peux venir m’en parler en face à face, en dehors des réunions ? »

L’OSBD permet à Séverine de :

  • décrire les faits sans exagérer ;
  • parler en « je » plutôt qu’en accusation ;
  • clarifier ce qui est important pour elle (respect, échange direct) ;
  • formuler une demande concrète pour la suite.

Elle ne cherche pas à « gagner », mais à poser un cadre clair et adulte.


Réagir à froid avec la directrice : utiliser la méthode DESC

Ce type d’attaque touche aussi au fonctionnement du salon.
Séverine peut donc demander un entretien avec la directrice en utilisant la méthode DESC :
Décrire – Exprimer – Suggérer – Conclure.

Par exemple :

Décrire : « Je voulais revenir sur la réunion d’équipe. Quand Annabelle m’a interpellée devant tout le monde en disant que j’avais raté le brushing de sa cliente et que je devrais retourner prendre des cours… »
Exprimer : « … je me suis sentie discréditée et mise en cause devant vous. »
Suggérer : « Je suis tout à fait prête à entendre des remarques sur la qualité de mon travail, mais j’aimerais que ce type de sujet soit traité en entretien individuel, pas en attaque publique. J’aurais besoin que vous posiez ce cadre-là pour l’équipe. »
Conclure : « Je pense que ce serait plus sain pour l’ambiance dans le salon et plus sécurisant pour chacune d’entre nous. Qu’en pensez-vous ? »

Avec la méthode DESC, Séverine :

  • ne dramatise pas, elle décrit ;
  • montre son implication et son professionnalisme ;
  • propose un mode de fonctionnement ;
  • ouvre le dialogue sur les règles du jeu dans l’équipe.

En résumé, réagir quand un collègue vous accuse en public, ce n’est pas trouver la punchline parfaite.
C’est d’abord :

  • reconnaître ce qui se joue (attaque de pouvoir, sidération, honte) ;
  • protéger votre dignité à chaud avec une phrase simple ;
  • revenir à froid en utilisant des techniques comme l’OSBD ou le DESC pour recadrer la relation et le cadre de travail.

Et vous, si vous étiez à la place de Séverine, quelle phrase aimeriez-vous avoir prête le jour où un collègue vous interpelle et vous accuse en public devant tout le monde ?


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