Le BLOG

le compagnon idéal pour les managers qui veulent progresser sans perdre le sens du réel

Ce blog vous accompagne au quotidien : on y suit les aventures de Vincent Mathieu, on y explore les personnalités difficiles, on y découvre des outils concrets et on y questionne la posture du leader. l’objectif : vous offrir des repères solides, modernes et immédiatement actionnables, en respectant l’expérience, le bon sens de terrain et la réalité de vos responsabilités.

L’oncle forte tête, colérique et démagogue

Noël, c’est le moment où tout le monde promet intérieurement d’être “cool”… puis s’assoit exactement à la place qui le rend le moins cool.

La table est belle. La nappe est repassée (ou en tout cas étalée avec conviction). La dinde brille. Les verres sonnent comme une pub de champagne. Et l’oncle Gérard, lui, brille déjà… sans avoir besoin de la guirlande.

Il n’a pas encore fini son premier morceau qu’il est déjà en train de finir les phrases des autres.

Votre sœur tente un “on pourrait parler d’autre chose”, mais Gérard lève la main comme un arbitre :
— “Non mais enfin, c’est du bon sens !”

Il ne lance pas un sujet. Il l’impose.
Il ne discute pas. Il statue.
Et si quelqu’un nuance, il prend ça comme une attaque personnelle. On sent le mécanisme : “si je lâche, je perds.”

Le pire, ce n’est même pas l’avis. C’est la méthode.

Parce que Gérard n’argumente pas seulement : il emballe. Il simplifie, il caricature, il chauffe la salle. Un petit côté tribun de bistrot… mais avec des couverts en argent.

Votre cousin Théo commence à répondre, version Wikipédia en pleine forme. Marc fait une blague pour dévier. Votre mère regarde la sauce comme si elle pouvait absorber la tension.

Et vous, vous observez le vrai truc : Gérard ne veut pas “gagner le débat”. Gérard veut rester maître du terrain.

C’est là que vous comprenez : si vous le laissez faire, le repas va devenir une réunion syndicale sans ordre du jour. Et Noël, c’est déjà assez sportif comme ça.

Vous pourriez l’affronter frontalement. Mais avec une forte tête, l’affrontement… c’est du carburant.

Alors vous choisissez l’élégance : vous ne le contredisez pas d’abord. Vous cadrez.


Aparté PACTE

La “forte tête” (profil rejet, actif) n’est pas juste “têtue”. Elle est déterminée, parfois brillante… et très sensible à tout ce qui ressemble à une perte de contrôle.

Derrière son ton tranchant, on trouve souvent des besoins simples (et très humains) :

  • Autonomie et contrôle : garder la main, ne pas subir.
  • Reconnaissance et respect : être considéré comme compétent, légitime.
  • Sécurité psychologique : ne pas être humilié, ni mis en défaut en public.
  • Stabilité et prévisibilité : savoir où on va, comment on décide, qui décide.

Avec PACTE, l’objectif n’est pas de “le faire taire”.
C’est de transformer sa force de conviction en contribution utile, sans qu’il prenne toute la table en otage.

Percevoir

Repérez les signaux : haussement de voix, phrases définitives (“c’est évident”), interruptions, posture de domination, volonté de trancher pour tous.

Votre boussole mentale :

“Il ne cherche pas une vérité. Il cherche une position.”

Et surtout : ne confondez pas “autorité” et “agressivité”. Une forte tête peut être dure sans être méchante… mais elle peut devenir toxique si personne ne tient le cadre.

Analyser

Posez-vous LA question utile :
“Qu’est-ce qu’il est en train de défendre, là ?”
Souvent : son statut, sa compétence, son rôle de pilier, ou la peur de “perdre la face”.

Le piège classique : répondre sur le même registre.
Vous gagnez un duel. Vous perdez le repas… et probablement le digestif.

Communiquer

À table, trois leviers marchent très bien — et restent “classe” :

1) Exposer l’objectif et le cadre dès le début
La forte tête supporte mieux une limite si elle est claire et annoncée.

Exemples “repas de Noël” :

  • “On se garde les sujets explosifs après le dessert. Là, on est sur un repas tranquille.”
  • “On écoute chacun deux minutes, puis on passe à autre chose. On n’est pas à la commission des lois.”

2) Reconnaître et valoriser sa contribution (sans lui donner les clés de la maison)
La reconnaissance calme beaucoup de tempêtes.

  • “Gérard, tu as de l’expérience là-dessus. Je te propose de nous faire une phrase, claire, et ensuite on laisse les autres réagir.”
  • “Je note ton point. On va aussi écouter les autres versions.”

3) Ramener sur le factuel et la solution
La forte tête adore les opinions. Donnez-lui des faits à mâcher.

  • “Concrètement, qu’est-ce qui te fait dire ça ? Un exemple ?”
  • “Ok. Et si on devait trouver une solution applicable, ce serait quoi ?”

Transformer

Quand ça monte, faites un arrêt verbal : court, ferme, sans humiliation.

  • “Je t’arrête une seconde : je veux qu’on garde un ton calme.”
  • “Je comprends que ça t’agace. Mais là, on se parle sans s’écraser.”

Si besoin, proposez un mini-aparté discret (même 30 secondes vers la cuisine) :

  • “Viens, on s’isole deux minutes. Je veux comprendre ton point sans que ça parte en vrille.”

Et ensuite, vous reformulez pour remettre du contrôle dans le cadre, pas dans la domination :

  • “Si je résume : tu veux éviter qu’on parte dans un truc flou. Ok. Quelle option concrète tu proposes ?”

Évaluer

À la fin, vous sécurisez : vous concluez, vous reconnaissez, vous verrouillez la suite.

  • “Merci, Gérard. Ton point a aidé à clarifier. Maintenant, on revient au repas.”
  • “On a compris ton idée. On n’est pas obligés d’être d’accord, mais on garde une table respirable.”

La forte tête se calme plus facilement quand elle sent que son avis existe… sans que son avis dirige tout.


Retour au salon pour changer la discussion

Gérard reprend son souffle. Il regarde autour de la table comme un capitaine qui vérifie son équipage. Théo s’apprête à répondre, votre sœur lève les yeux au ciel, et votre mère serre la louche comme un sceptre.

Vous intervenez. Pas en héros. En maître de maison.

Calme, posé :

“Gérard, je t’entends. Tu as un point fort là-dessus. Tu nous le fais en une phrase, et ensuite on passe à autre chose : ce soir, on est là pour manger et se raconter de bonnes choses.”

Il cligne des yeux. Ce n’est pas une contradiction. C’est un cadre.

Il tente de relancer :
— “Oui mais enfin…”
Vous gardez le ton doux, mais la limite nette :
“Une phrase.”

Alors il sort sa meilleure phrase. Elle est un peu trop longue, évidemment. Mais il se contient.

Vous enchaînez immédiatement (sinon, il reprend la main) :

“Ok. Merci. Maintenant, j’ai une question : chacun raconte un truc qui l’a rendu fier cette année. Même un petit truc.”

Petit silence. Surpris. Mais pas hostile. Vous venez de faire quelque chose de rare : vous avez changé le jeu.

Vous tournez vers Gérard, tranquillement :

“Gérard, toi qui aimes quand les choses sont claires : c’est quoi, ton meilleur moment de l’année ?”

Il hésite. La forte tête n’aime pas trop l’émotion… sauf quand elle peut la contrôler.
Puis il lâche un souvenir, simple. Un truc de famille. Pas parfait. Mais vrai.

Et là, miracle : la table respire.

Plus tard, Gérard repart sur une pique. Cette fois, vous faites l’arrêt verbal, élégant :

“Stop. On baisse d’un ton. Je comprends que tu aies un avis, mais là ça devient lourd. On se garde ça pour un autre moment.”

Il souffle, vexé une demi-seconde. Vous ajoutez la clé qui change tout :

“Par contre, si tu veux, après le repas, tu me dis ce que tu proposes concrètement. J’écoute.”

Vous venez de lui donner ce qu’il cherche : une place, une reconnaissance, et un espace… sans lui donner le contrôle sur tout le monde.

À la fin du dîner, vous glissez, comme une conclusion propre :

“Merci Gérard. Tu as du caractère — et tu aides quand tu restes dans le cadre. Ce soir, c’était bien.”

Il grogne un “mouais” qui veut dire “j’ai entendu” (chez certaines fortes têtes, c’est l’équivalent d’une standing ovation).

Et vous réalisez le vrai cadeau : vous n’avez pas “gagné”.
Vous avez tenu la table.

Parce qu’une famille, ça se conduit parfois comme un attelage ancien : avec une main ferme, du tact… et un sens certain de la tradition.

Ce soir-là, l’oncle forte tête n’est pas devenu doux comme un agneau. Mais il est redevenu gérable. Et Noël, franchement, c’est déjà une très belle victoire.


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La formation Savoir manager les personnalités difficiles au quotidien

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L’objectif n’est donc pas d’étiqueter les gens, mais de retrouver du levier managérial là où vous aviez surtout du ras-le-bol.


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